Bonjour à tous, voici un petit résumé de notre semaine sur le circuit Bugatti : 

Mon aventure aux 24 Heures Motos 2025 – Carnet de bord d’une pilote

Tout a commencé début avril, lors des essais Pré-Mans. C’était notre première vraie rencontre de l'année avec la moto. Malgré des conditions piégeuses fraiches, on a très vite senti que la moto avait du potentiel. On a bossé dur sur le setting, peaufiné les réglages, cherché ce qui nous convenait le mieux. Et à la fin de ces deux jours de test, j’étais franchement confiante : les sensations au guidon étaient excellentes, et les chronos prometteurs.

24h Motos - Du 15 au 20 Avril 2025

Après plusieurs heures de chargement minutieux du poids-lourd, cap sur le circuit Bugatti. L’installation s’est faite dans le calme et l’efficacité : l’équipe commence vraiment à bien se connaître, chacun sait ce qu’il a à faire, et cette organisation nous fait gagner un temps précieux. Pour une fois, la météo était avec nous : pas une goutte de pluie pour monter le stand et tout le paddock.

Mardi, les choses sérieuses commencent avec les premiers essais privés. Encore une fois, la piste nous joue des tours : elle est mouillée, puis séchante. L’après-midi nous laisse un créneau pour rouler sur une piste presque sèche, mais balayée par un vent assez violent. Pas les conditions idéales, mais on prend tout ce qu’on peut pour continuer à bosser.

Mercredi, journée sans roulage, mais pas vraiment reposante. Contrôle technique le matin, puis la traditionnelle parade dans les rues du Mans. Du monde partout, une ambiance de folie, du soleil – ça fait du bien, même si la pression monte doucement mais sûrement.

Et puis jeudi… place aux qualifs. Je sors un joli chrono en 1’43.6. Ce n’est peut-être pas impressionnant sur le papier, mais pour moi, c’était mon meilleur tour avec cette CBR. J’étais fière. En confiance. Mais comme souvent, tout ne se passe pas comme prévu : la deuxième séance de qualification va venir un peu ternir cette belle dynamique. La deuxième séance ne se passe pas du tout comme prévu. J’étais remontée, prête à améliorer mon chrono. Mais Mélodie chute lors de sa Q2. Heureusement, elle va bien, mais les mécaniciens ont du travail. Malgré leur efficacité incroyable, je n’ai droit qu’à cinq minutes en piste, avec une moto tout juste réparée. Pas question de viser un chrono : je suis là pour valider la moto, que tout va bien, qu’elle freine correctement, et qu’on est prêts.

Au classement final des qualifications, nous sommes 32e sur la grille et 17e en catégorie Superstock. Une très belle place, avec des chronos prometteurs. Le rythme est là, la moto convient à tout le monde, et l’ambiance dans l’équipe est excellente. La météo reste imprévisible. Il va falloir être malin. C’est William qui prend le départ samedi à 15h.

Finalement, le départ se fait en pneus pluie, sur piste détrempée. Dès le tour de formation, un pilote part à la faute. Le drapeau tricolore traverse la piste, et c’est parti. William réalise un super départ. Dès le deuxième virage, ça chute déjà, c'était prévisible. William reste solide, roule vite, avec un bon rythme. Il est parti avec le bon groupe.

Les conditions sont très piégeuses. Quand il rentre au box, la question se pose : faut-il vraiment changer de pilote ? Il connaît la piste, il est chaud, il sait où sont les pièges. Gabin, notre team manager, prend la décision de le renvoyer en piste. Et c’est une bonne idée.

Mais au bout de quelques tours, alors qu’il roule très fort, il perd l’arrière à la sortie de la chicane Dunlop. Petite chute, heureusement sans gravité. Il ramène la moto au box en roulant. Moins de cinq minutes plus tard, elle est réparée. Maxime part en piste. Conditions toujours compliquées, mais il assure un relais solide, avec un bon rythme. On remonte au classement.

La piste commence à sécher. Certains passent les slicks. Mais nos stratèges voient venir un retour de la pluie. Maxime repart en pneus intermédiaires. Pari gagnant. La pluie revient, et les autres doivent rentrer. Nous restons en piste. À un moment, on est 11e au général, 4e en Superstock. C’est beau.

Maxime termine son relais et passe le guidon à Melodie. Elle roule très bien, enchaîne les bons tours. Puis, au virage du Chemin aux Bœufs, elle chute à la prise des freins. Une chute rapide, violente. On la voit dans le bac, à genoux, se tenant le bras. On craint une blessure.

Les caméras montrent la moto. Le cadre est cassé net. Avant même qu’elle ne rentre au box, on sait que c’est fini. Le règlement est clair : on doit passer le damier avec le même cadre et le même moteur qu’au départ. Même si on a toutes les pièces pour réparer, le règlement nous interdit d'intervenir sur notre machine.

Mélodie revient du centre médical : rien de cassé. Ouf. Mais la course s’arrête là. Gabin signe l’abandon à 18h03.

C’était mon septième départ au Mans, mon premier abandon. Le ratio reste beau. Il faut se remobiliser pour Spa. Cette course a montré qu’on avait une vraie équipe. Des gens compétents. Un potentiel énorme.

Un énorme merci à tous nos partenaires. Merci à ceux qui nous soutiennent sur les réseaux. Et surtout, merci à mon équipe, pour votre solidarité, votre combativité, votre professionnalisme tout au long de cette semaine de course.

Ce n’est que partie remise, on reviendra plus fort.