Compte rendu en image des 24h de Spa

Par : Amandine - Catégories : Résumés de courses

- Mardi 31 Mai - Journée de tests privés -

C'est parti pour une journée de test. La météo à l'air clémente pour le moment, on croise les doigts. 

Quelques tours en piste suffiront pour que j'améliore mon chrono réalisé lors des essais Pré Spa (essais officiels ou j'ai découvert ce tracé Belge).

Je me sens bien sur la moto et j'ai un bon feeling au guidon.

Best lap of the day : 2'34'8

18h00, le drapeau à damier sonne la fin de cette journée d'essais, il est temps de chausser les baskets et de faire un tour à pied afin de se rendre compte des dénivelés. 

Quel beau tracé… qu'est-ce que ça monte … et qu'est-ce que ça descend, les dénivelés sont incroyables, on n’en voit pas la moitié au guidon de la moto. 

 

- Mercredi 1er Juin - Journée OFF - 

Contrôle technique des motos et de notre équipement, briefing, parade et dédicace à Malmedy. 

Les supporters belges étaient nombreux au centre-ville de Malmedy pour accueillir la parade avec les motos du plateau des 24h de Spa. 

 

- Jeudi 2 Juin - Début des choses sérieuses - Essais officiels et Q1 -

La météo continue d'être avec nous, pour le moment nous n'avons pas encore vu une goutte de pluie depuis le début de la semaine. Je croise les doigts pour que ça tienne comme ça au moins jusqu'à la première séance de qualification. 

La séance d'essai du matin se passe bien, je me mets dans le rythme rapidement, de quoi me mettre en confiance pour les essais qualificatifs de cet après-midi. 

15h00 ... it's time :-)

Ça y est, c'est parti pour les qualif'.

Je sors rapidement du box afin de partir dans le peloton pour prendre du rythme rapidement au cas où il y aurait une interruption de séance. Il fait beau, et c'est peut-être la seule qualification qu'on aura sur le sec donc il faut mettre toutes les chances de son côté. 

Mon premier tour chrono est très bon, il ne me manque que quelques dixième pour être qualifiée. Au milieu de mon deuxième tour chrono, et alors que je suis en avance d'une seconde sur le tour d'avant, un témoin orange vient attirer mon attention sur le tableau de bord. Ce voyant SC m'indique que je n'ai plus d'assistance électronique. Je dois malgré tout absolument valider ce tour rapide si je veux espérer être qualifiée. C'est à ce moment-là qu'il est important d'avoir des pneus neufs, ça m’a permis de valider un tour en 2'34'7, chrono qui est suffisant pour bien dormir ce soir. Au passage de la ligne droite des stands, j'informe mon équipe que je vais rentrer car je ne vais pas pouvoir rester sans aucunes assistances électroniques en piste. De retour au box, je saute sur le mulet pour repartir en piste et … drapeau rouge. Rha la poisse. Voilà pourquoi je voulais absolument valider un tour rapide dès le début de la séance. Les mécaniciens en profitent pour regarder le souci sur la moto. Le fil du capteur de roue avant est sectionné, il est remplacé très rapidement. Il reste 5 minutes dans cette séance qualif et le feu passe de nouveau au vert. Deux solutions s’offrent à moi : repartir ou pas ! Mon chrono est suffisant pour être qualifiée, même s’il n'est pas exceptionnel. Mais il est important de savoir si la moto fonctionne correctement pour mes deux coéquipiers qui n’ont pas encore fait leurs séances qualificatives. Je fini par repartir, pour seulement un tour, afin valider la moto pour la qualif suivante. 

Du positif et du négatif dans cette qualif mais il est important de ne retenir que le positif ?

J’ai réussi à vite me mettre dans le rythme et à sortir un chrono correct en seulement 2 tours, ce qui est vraiment positif. Malgré les difficultés, entre pannes mécaniques et drapeau rouge, j’ai réussi à qualifier la moto. Je suis juste frustrée parce que j’aurais voulu rouler plus vite. Mais je relativise et je me dis que j’aurais 24 heures pour améliorer ce chrono qui me déçois un peu. 

A l’issue de ces première séances qualificatives … les 4 pilotes sont qualifiés et les deux motos fonctionnent parfaitement, de quoi donner un peu de repos à toute l’équipe 

Ce soir, place aux essais de nuit de 22h00 à minuit, aucun de nous n’a déjà roulé ici de nuit, et visiblement le tracé est bien moins éclairé que le Mans ou le Castellet. Moi qui ne vois pas grand-chose de nuit, ça va être une belle découverte :P

A l’issue de ces essais … je valide l’utilisation des feux additionnels ! Mon équipe a eu une super idée d’en mettre. La moto ressemble un peu à un extra-terrestre avec tous ces spots mais franchement … il faut bien ça. Certaines parties du circuit restent encore peu éclairées à mon gout, surtout Blanchimont. Il m’a fallu du temps pour prendre mes marques de nuit mais c’est bon je suis opérationnelle pour la course !

 

- Vendredi 3 Juin – Q2 & pitwalk –

Malgré mon envie d’améliorer mon chrono établi en Q1, je ne prendrais pas part à la Q2 afin de préserver la moto qui va être mise a rude épreuve lors de cette épreuve de 24 heures. Du coup journée plutôt tranquille ?

C’était un plaisir de voir le public belge lors de la Pitwalk vendredi soir. 

 - Samedi 4 Juin – Warm up et départ de la course –

Je pars en premier lors de ce warm up avec la moto de course afin de valider que tout va bien. Au bout de 3 tours, le témoin moteur s’allume de nouveau. Je rentre au box et je repars avec le mulet afin de tester que l’autre machine fonctionne. Pendant ce temps les mécaniciens se concentre sur la moto de course afin de solutionner le problème. Au bout de quelques tours, je vois le panneau box me demandant de rentrer. L’autre machine doit être prête, je vais pouvoir retourner en piste. Je rentre et switch de moto pour valider la moto de course. Dommage, même pas un tour bouclé et de nouveau le témoin revient. 

Mon coéquipier partira donc avec l’autre moto. 

A l’issue du warm Up, nous décidons de ne pas prendre de risques, nous partirons donc en course avec le mulet. 

 

C’est mon coéquipier Florent Parret qui prendra le départ à 13h00 pour cette mythique épreuve des 24 heures de Spa. Nous partirons de la 38ème position sur la grille de départ. 

13h00 … le drapeau Belge traverse la piste et lance le départ de la course. 

13h45 c’est déjà mon tour d’entrée en piste, il fait beau, il fait chaud, les conditions sont top. Le mulet est bien différent de la moto de course mais je m’adapte très vite et je prends un plaisir de dingue à rouler sur ce tracé, et déjà j’améliore le chrono que j’ai fais en qualif en 2.34.2. J’ai la banane dans mon casque, je me sens trop bien sur la moto. Au bout de 20 tours, le témoin de réserve sonne la fin de mon premier relai. Je redonne le guidon à Jimmy en 33ème position du classement général. 

Au bout de presque 3h de course, je repars en piste pour mon deuxième relai. J’enchaine des tours rapides, plus rapides que lors de la qualification et voilà que j’affiche un 2.33.9. Qu’est-ce que je suis contente. Je me sens vraiment bien sur la moto, je ne force pas, j’ai un bon feeling, c’est vraiment top. Après ce relai de 20 tours très solide, je passe le relai en 32ème position du classement général. 

A 6h de course nous pointons à la 29eme.

Mon 4ème relai débutera de jour … et se terminera dans la nuit. Relai plus difficile pour moi car les feux additionnels étaient éteints et je ne voyais plus grand-chose sur les 5 derniers tours. A ce moment là nous pointons à la 27ème position du classement général. 

 

Mon 5ème relai s’effectuera dans la nuit noire et malgré mon appréhension sur ce tracé de nuit, je me suis encore amusée comme une gosse. Il y a des nappes de brouillard par moment, on ne voit rien l’espace d’une seconde c’est hyper flippant. Il y a aussi des particules bizarres dans l’air, j’avais l’impression que c’était de l’absorbant. Ce circuit ne ressemble vraiment à aucun autre. 

Il est minuit et nous sommes à la 26ème position du classement général, alors que la moto rentre au box pour problème mécanique. Les mécaniciens sont efficaces, la moto repartira 20 minutes plus tard. Nous avons perdu 6 positions sur cet arrêt, rien de dramatique, la course est encore longue. 

Alors que nous avons dépassé la mi-course, je rentre en piste pour mon 6ème relai. Je ne ressens pas encore la fatigue. L’air frais de la nuit fait du bien, on respire mieux. Nous voilà en 31ème position. 

Alors que nous sommes sur le point de sortir de la nuit, je rentre en piste pour mon 7ème relai. Le pneu avant très usé va me faire souffrir sur ce run, j’ai la sensation de croiser au point de corde sur les virages lents. Je verrouille un peu le guidon mais ces 20 tours m’ont demandé beaucoup de ressources physiques. Nous remontons tout doucement au classement, une position de gagnée au classement général, nous sommes 30ème.

La nuit laisse place … à la grisaille ! Le ciel est menaçant … puis quelques gouttes de pluie et c’est mon tour d’entrer en piste. Je prends quelques secondes pour communiquer avec mon coéquipier et les indications sont claires : « il y a des gouttes de pluie, mais c’est encore sec pour le moment, ça roule en slick, ce sera à toi de juger quand il faudra rentrer »

 

Je pars en piste pour mon 8ème run, très prudente sur le premier tour afin de voir l’état de la piste. Effectivement, il y a des gouttes de pluie sur ma visière et sur la bulle de la moto, mais ça n’a pas l’air de mouiller beaucoup. Dans la ligne droite des stands, je repère le panneau d’un team qui joue devant afin de voir l’évolution de leur chrono, ce qui va m’aider à juger de l’état de la piste. Alors que je n’ai fait que deux tours, la pluie s’intensifie et les chronos dégringolent, +20 secondes au tour pour les pilotes de devant. Le problème c’est que ça n’est toujours pas assez mouillé pour mettre des pneus pluie, mais que ça commence à être vraiment tendu en slick. Le tour fait 7km et si je me lance pour un tour de plus ça peut être compliqué. Nous sommes en train de faire des tours en 3 minutes, mais il est trop tôt pour mettre les pneus pluie et si ça s’arrête de pleuvoir, on sera rentré pour rien. Je décide de faire un tour supplémentaire en slick et là … arrivé dans le Raidillon, ça pleut … vraiment … et c’est trempé. Cette fois c’est clair, je dois rentrer, c’est impraticable. Il n’est plus possible de mettre d’angle, plus possible d’accélérer, ce tour est interminable j’ai l’impression d’avoir mis 10 minutes pour rentrer au box. Arrivée dans la pit line, même traverser la bande de peinture qui sert de parc fermé me fout la trouille tellement c’est détrempé. J’ai fait de la résistance pendant longtemps avec mes slicks en piste, mais le dernier tour à été … un grand moment de solitude où ramener la moto au box à été une mission commando :P

En quelques secondes, les roues pluies sont montées, le plein est refait et je repars à la guerre sur une piste où je n’ai jamais roulé sous la pluie. Ça chute beaucoup, ça croise au frein en haut du Raidillon, beaucoup de chute de l’avant, je suis donc hyper prudente en piste. Les drapeaux jaunes s’enchainent et puis … Safety car. La voiture de sécurit sort juste devant moi, j’ai la place privilégiée pour prendre toute la flotte du Safety, c’est bijou :P 

J’appréhende déjà le restart, j’ai peur de me faire un peu pousser par les pilotes derrière moi à la sortie de la voiture de sécurité. 6 tours bouclés sous SC, c’est long à Spa … très long. Les lumières de la voiture de sécurité s’éteignent, ça repart ! Et contre toutes attentes … ça reste très calme derrière moi et ça double « doucement et prudemment ».

Je termine ce relai sous la pluie avec un bon feeling au guidon de la moto, et du coup la banane dans le casque. Moi qui ne suis pas franchement fan de la pluie, c’est la première fois ou j’avais de bonnes sensations dans le guidon et franchement ça fait du bien au moral. 

 

Du coup je suis prête pour le prochain :P Sauf qu’il n’y aura pas de prochain. Alors que mon coéquipier Florent Parret est en piste, la Yamaha 121 à un souci mécanique et répand de l’huile … sur plusieurs kilomètres de circuit. RED FLAG ! la course est immédiatement interrompue et les motos sont posées en parc fermé le temps que la piste soit traitée. Il reste actuellement 3 heures de course, mais clairement il y en a pour un moment pour tout nettoyer correctement avec la pluie qui diffuse l’huile sur la piste. Les heures passent et on se demande même si la course va être relancée. On nous annonce finalement un départ pour 10 minutes de course. C’est mon coéquipier Florent, qui était en piste lors de l’incident, qui reprendra le départ pour passer le damier. 

Et un damier de plus !!!!

Les stats en quelques chiffres : 

C’était mon 12ème départ en course de 24 Heures ! (3 départs aux 24h de Barcelone, 3 départs au bol d’or et 5 aux 24h du Mans, 1er aux 24h de Spa) 

Et c’est mon 11ème damier … ça donne un taux de 92% de réussite, ce n’est pas si mal :P

Merci à mon équipe du team 202 de m’avoir a nouveau fait confiance pour cette épreuve en terres inconnues, merci à mon chéri pour le soutien a distance, merci à toute la communauté sur les réseaux pour leurs encouragements et leur implications sur mes publications, et enfin merci à tous mes partenaires sans qui l’aventure n’aurait pas eu lieu.

Je vous donne rendez vous pour la 3ème manche du championnat du Monde d’endurance au mois de Septembre sur le circuit Paul Ricard. ?

A très bientôt 

\\ VIDÉO de cette semaine de course : VISIONNER LA VIDÉO //

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